Le cimetière des morts qui chantent, Maxime Gillio

Troisième opus des aventures de Dacié et Marquet, les deux flics crées par Max, ami et membres de ce forum...
On sent qu'au fur et à mesure l'auteur est de plus en plus à son aise dans l'écriture, et l'on ne s'en plains pas, j'aurai même tendance à dire vivement le quatrième!!
L'histoire cette fois se passe dans une famille de croques-morts qui sont tous décimés les uns après les autres, un petit village Flamands, ses us et coutumes, un cimetière bien remplis, mais pas forcément de morts naturelles, si les macchabées poussent la chansonettes, les témoins, eux, restent muets comme des tombes!
J'espère que ce livre sera vite considérer comme un "monument" des jeunes écrivains Français, ce qui ne fais pas de doute, Max est déjà une référence du Polar Nordiste...
édition Ravet-Anceau.
l'humour noir est toujours au rendez-vous, l'intrigue est bonne, bref lisez le, contactez Max en MP et demandez lui de vous faire une belle dédicace...
C'est une joie d'avoir un forum sur les bouquins, avec des écrivains comme membres!!

Merci Séb,

Si les trois membres actuels de ce forum me le réclament à corps et à cris, je veux bien publier ici-même un chapitre de ce chef-d'œuvre.

Mais seulement si vous insistez...

Ben vas y, et comme il y a déjà deux thanatos ici, et d'autres devrai venir, explique comment tu les flingues...

OK. Voici le deuxième chapitre. Du moins, sa première version. La version publiée a pu subir quelques légères corrections, mais c'est mon éditeur qui a ces fichiers.

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Jean-Pierre Meneboo s’étira et contempla la parcelle qu’il devait creuser. La terre était gonflée, grasse, humide, parfaite. Heureusement pour lui, la mairie leur avait demandé de procéder à une reprise de sépulture, à peine quatre jours plus tôt. Il s’était chargé de l’exhumation, avec l’aide de son plus jeune frère, et avait transféré les ossements au reliquaire, afin de dégager une nouvelle concession. Du coup, la terre était encore meuble, ce qui lui économiserait bien des efforts. Cela dit, autant commencer tout de suite, car pour creuser une tombe à la main, il valait mieux le faire à la fraîche.
Il pesta intérieurement contre le sort qui s’acharnait sur eux depuis deux semaines. Il y avait d’abord eu ce drame, quinze jours plus tôt. L’aîné des frères Meneboo, Jean-Louis, s’était tué en voiture sur la route d’Hondschoote, un soir qu’il revenait de la maison de retraite où il était allé placer quelques conventions obsèques avec l’accord tacite du directeur de l’établissement qui enfouillait, à chaque contrat signé, une généreuse commission en liquide.
Ce tragique accident avait plongé le clan Meneboo dans le doute. Après qu’ils eurent mis le frangin en terre, se posait la question de savoir s’il fallait le remplacer dans l’entreprise. Assez rapidement, cette hypothèse fut balayée. Chez les Meneboo, on avait toujours fonctionné en famille, il était hors de question qu’un étranger vînt mettre son nez dans la maison. Surtout qu’il aurait été bien difficile de le tenir à l’écart de leurs nombreuses combines.
À l’évocation de son aîné, Jean-Pierre tourna machinalement la tête vers le tombeau familial. Quelques couronnes mortuaires achevaient de faner sur la dalle de marbre gris. Jean-Louis avait rejoint le père et la mère. À 35 ans seulement. Saloperie de fatalité, va ! Il ne put s’empêcher de frissonner en réalisant qu’avec la mort de son frère, il se retrouverait bientôt le plus vieux de la branche Meneboo. Dès que mémé Augusta aurait rejoint les siens, Jean-Pierre deviendrait le patriarche. À 34 ans, belle performance… Il faudrait peut-être qu’un jour il se décide à briser le moule de la fratrie et qu’il songe à trouver une belle pouliche à marier et à engrosser, manière de perpétuer la lignée.
Chez tous les Meneboo mâles, les périodes de méditation ne dépassaient jamais les cinq minutes. Jean-Pierre ne faisait pas exception à la règle. Il se saisit de la bêche, et entreprit de retourner le sol.
Au fond, ce petit retour aux sources de la profession ne lui déplaisait pas. À Arleghem, on était terriens. Viscéralement. Il aimait ce contact presque charnel avec les mottes de glaise, grasses et parfumées. Sans compter qu’il n’avait jamais rechigné à l’effort physique et qu’il appréciait sentir les boules de ses muscles rouler sous la chair au gré des pelletées. Finalement, c’était presque un coup de chance que la mini-pelle à chenille soit tombée en panne l’avant-veille. Comme il était heureux que la mère Dewaele ait décidé de choisir l’inhumation en pleine terre et non la création d’un caveau avec dalles de béton à couler. Pour le coup, les frères Meneboo auraient dû cravacher pour fournir la prestation dans les temps. À tout hasard, et en attendant que la mini-pelle fût réparée, ils avaient toujours fait une demande à la régie dunkerquoise, savoir si elle pouvait leur prêter une excavatrice, au cas où. En ces temps de canicule, et vu l’âge moyen de la population d’Arleghem, il valait mieux être prévoyant.
Il sentit un obstacle et jura.
La bêche venait de toucher une pierre. Jean-Pierre Meneboo avait à peine creusé sur trente centimètres de profondeur. Il râla à haute voix contre son fainéant de frère qui n’avait pas fait attention à enlever tous les débris lorsqu’ils avaient rebouché le trou quelques jours plus tôt. À ce rythme-là, ça augurait de longues heures fastidieuses de travail s’il fallait s’arrêter toutes les dix minutes à cause d’une pierre ou d’un gros caillou. Du bout de son outil, il sonda tout autour, mais apparemment, la roche était de taille importante. Le plus simple était encore de la casser, pour en retirer plus facilement les fragments.
À ce moment lui revint un souvenir du collège. Non pas qu’il y fût resté longtemps, non, mais ce souvenir l’avait marqué. Il était en sixième, et leur prof de français leur avait lu un extrait d’un roman où l’auteur, une saloperie d’immigré rital, racontait sa jeunesse à Paris. Il ne se rappelait plus exactement ce dont parlait le passage, mais à un moment, le père du héros, qui est en train de jardiner, parle avec émotions des pierres que l’on trouve dans la terre. Des pierres qui poussent, comme des arbres. Faut vraiment être débile, pensa Jean-Pierre, des pierres qui poussent dans la terre, comme des patates ou des navets ! Y a vraiment que ces fainéants d’écrivains pour pondre des conneries pareilles, que merde, lui, les pierres, ça le faisait bien chier quand il en trouvait une dans le genre de celle-là, même qu’il perdait un temps fou et que la mère Dewaele allait commencer à fouetter grave malgré les soins dispensés au corps et la chambre froide où on l’avait mis à patienter.
Bref, leur prof leur lisait ce passage avec les pierres qui poussent, et tout d’un coup, il s’arrêta, un sanglot étranglé dans la voix, les yeux humides. C’était l’émotion, qu’il s’était excusé auprès de ses élèves. Il ne pouvait pas parcourir cet extrait sans être ému jusqu’aux larmes. Jean-Pierre revoyait encore la tête de son prof, un grand type, quinquagénaire aux cheveux longs et gris, avec un visage de gitan. Ils s’étaient tous regardés, interloqués et intimidés par cet adulte sur le point de chialer à cause d’un livre. Le regard de Jean-Pierre et de ses camarades avait dès lors changé sur leur professeur, et leur avis était définitif.
Un pédé.
Plus de vingt ans après, Jean-Pierre Meneboo ricanait encore en pensant à son ancien prof. Pleurer devant un livre… Grosse fiote, va ! En tout cas, pierre qui pousse n’amassait pas mousse, et il n’allait pas y passer la journée. Il jeta la bêche et prit la pioche. Il assura fermement sa prise, se campa solidement de part et d’autre de sa cible et leva lentement la cognée jusqu’au-dessus de sa tête.
« Du premier coup ! se motiva-t-il. Je vais t’exploser en mille morceaux du premier coup, salope ! »
La pioche tomba pile sur le détonateur de la bombe. Il paraît même qu’on entendit l’explosion jusqu’à Zegerscappel.

me suis régalée avec les 2 premiers le 3éme est en commande, ça à l'air de promettre, super. On ne peut que t'encourrager à continuer Max