Bernard Blier, Itinéraire. Par Philippe Durant, Favre, Lausanne

Bernard Blier, Itinéraire. Par Philippe Durant

Entre deux marres de sang, quelques explosions et des San-Antonio, je me suis fais ce récit vu que le double B. à participé à un film adapté et dialogué par Frédéric Dard, d’après un livre écrit, toujours par lui sous le prête-nom d’André Berthomieux (En légitime défense)

A noter que Blier a sauvé sa peau dans un film de Boisset tiré d’un bouquin des deux traîtres…(Coplan)

180 films au compteur.
Et non des moindres : de Dédée d'Anvers aux Tontons flingueurs en passant par Les Misérables et Le Grand Blond avec une chaussure noire. Bernard Blier fut l'un des piliers du cinéma français. Il a connu tous les styles, toutes les époques, toutes les stars. Une sacrée présence à l'écran. Sans pour autant renoncer à ses premières amours : le théâtre. Sur les planches aussi, il a engrangé grands triomphes et petits fours.
Acteur infatigable, narrateur intarissable, blagueur insatiable, Bernard Blier, c'est soixante ans de carrière et de péripéties en tous genres. Ce livre retrace son itinéraire hors norme. Philippe Durant laisse, souvent, la parole à l'intéressé lui-même, M. Blier qui se raconte avec humour sans jamais mâcher ses mots.
Ses coups de gueule, ses blagues, ses copains (dont Gabin, Depardieu, Carmet, Oury), ses grandes rencontres ( Jouvet, Anouilh, etc.) surgissent comme autant d'étapes de cet étonnant périple qui fit de lui l'un des comédiens les plus appréciés du public. Vingt après, il continue de nous manquer….

Au théâtre il fut l’élève de Raymond Rouleau. Recalé trois fois au concours d’entrée au Conservatoire il est enfin reçu 1er en 1937 au quatrième concours avec 2ème, Oury et 3ème François Perrier…

Première surprise : ses potes Gabin et Audiard le surnommait l’Argentin simplement parce qu’il est né à Buenos Aire d’un père vétérinaire français, qui inventa la date obligatoire sur les yaourts…

Une autre face de Blier. Il est blessé durant la guerre de 39, fait prisonnier il s’évade et est repris après 48heures….s’évade une deuxième fois…retour au stalag, seul dans une cellule pendant 3 mois ! Il quittera définitivement son lieu de détention en falsifiant des papiers de vétérinaire reçus de son père. Au total 22 mois de captivité !

Son fils Bertrand raconte :
« Quand je rentrais de l’école communale, mon père m’asseyait derrière son bureau et je lui faisait répéter la pièce qu’il était en train d’apprendre. Je jouais tous les rôles, sauf le sien. Il était en face de moi et déambulait de long en large avec cette violence qu’on lui connaît. Quand il loupait une réplique, c’était moi qu’il engueulait, évidement……

Quelques anecdotes
- Pour le film « Sans laisser d’adresse » de Le Chanois, il a dû apprendre à conduire un G7 (pas le machin politique…l’autre !)Ainsi il a fait copain avec des chauffeurs de taxi et jusqu'à sa mort il a toujours eu sa carte d’honneur du syndicat des « Cochers Chauffeurs »…

- ….il n’y a rien qui m’emmerde plus que (jouer du) Brecht. J’aime mieux jouer Molière…C’est mon droit. Il y a des gens qui préfèrent la moutarde…

- A sa première rencontre avec Jean Carmet qui sera un de ses souffre douleur favoris : Appelez-moi maître !

- Sur le tournage de « Mangeclous » son souffre douleur sera le suisse du groupe, Jean-Luc Bideau à qui Blier assenait chaque fois que Bideau faisait une remarque : il ne faudrait pas oublier que tu es Suisse !


- Pierre Richard pour son 1er film « Le distrait » : C’était pour moi un des plus grand acteur français. J’avais très peur, plus il était souriant, plus il était dangereux ! Il jouait magnifiquement les méchants…

- Sur le tournage du téléfilm « A l’école des femmes » Blier qui travaille pour la première fois à la télé a l’impression de jouer dans des bureaux….Au PDG Arthur Conte qui lui demande son impression sur la télévision il répond : Monsieur, je ne peux vous dire qu’une chose, ça me rappelle le stalag ! La conversation s’est arrêtée tout de suite…


- Pour la scène de la cuisine dans le célébrissime « Tontons flingueurs » et contrairement à la légende aucun acteur ne bois d’alcool…..sauf Lefebvre qui n’arrive pas à pleurer sur commande. Alors à son insu, l’équipe lui fait boire un mélange explosif à base de cognac, de vodka et de poivre…les larmes à l’écran sont authentiques !

- Une petite phrase de Michel Audiar : Je suis passé metteur en scène parce qu’ils étaient affichés plus gros que les acteurs et, partant, gagnaient plus de sous. Je n’aime pas le cinéma, mais j’aime les sous….


- Raimu m’avait donné un conseil formidable : La seule chose importante, c’est de ne pas faire QUE des mauvais films !

- Une de ses plus belles distinctions : Il est intronisé par la confrérie des maîtres pipeurs de Saint-Claude en tant que premier fumeur de pipe de l’année…..(il en possèda plus de quatre cent, dont certaines à son effigie)

Sur le tournage de « Les misérables » avec Gabin :
- Gabin : Pour jouer Javert avec autant de naturel, il faut que tu aies la vocation de flic rentrée !
- Blier : Moi, c’est dans le forçat que je te préfère. On dirait que tu as fait ça toute ta vie !




Livre très plaisant à lire

Blier était un acteur fabuleux, la grande époque du cinéma français...
Ce type était fascinant, je me souvient de le voir, malade, recevoir son César d'honneur..
Car en France, un acteur sait quand il est mourant, il reçoit un César d'honneur...