Le secret du loup, Sebastian Charles

C'est chez Krakoen, et je sais que personne ne le lira parce que c'est pas facile à trouver, mais c'est pas grave, je l'ai chroniqué sur un autre forum, du coup, je fais un copié-collé...

J'ai assurément passé un bon moment de lecture. Je ne parle pas trop de l'intrigue. Elle est solide, carrée, tortueuse juste ce qu'il faut. Avec habileté, Sebastian arrive à renouer des fils a priori complètement étrangers (une malédiction séculaire, de l'espionnage industriel, une secte, une disparition, un trafic de drogue, etc.).
Certes, le dénouement m'a paru un peu rapide, notamment à cause du choix de la scène finale, dite de groupe (tous les suspects regroupés dans une pièce avec le flic au milieu). Attention, ça veut pas dire que ce n'est pas bien. C'est juste que c'est pas ce que je préfère comme forme. C'est comme la noix de coco. Je vous l'ai jamais dit, mais je suis allergique à la noix de coco. Pourtant, il paraît que c'est très bon, la noix de coco. Même qu'il y a plein de recettes à base de noix de coco. Donc c'est pas parce que j'aime pas la noix de coco que je dis que c'est pas bon. C'est juste un truc entre moi et la noix de coco.
Bon, j'en reviens au livre de Sebastian, parce que la noix de coco, hein !
Donc intrigue bien charpentée et finement construite.
Ce que j'ai encore plus aimé, c'est la description des lieux. Pourtant, c'est pas facile, de bien décrire des lieux. C'est une question de goût, y en a qui aiment quand c'est fourni, luxuriant, foisonnant. D'autres quand c'est épuré, suggéré. C'est comme la tarte aux pommes. Y en a qui aiment avec la cannelle. Personnellement, j'ai horreur de la cannelle. C'est comme la noix de coco, ça me fait vomir. Ben Sebastian, il décrit ses paysages comme ma tante Frédérique quand elle prépare une tarte aux pommes. Elle ne met pas de cannelle parce qu'elle sait que je n'aime pas. Comme la noix de coco. Et du coup, j'adore ça. Les paysages de Sebastian. Et la tarte aux pommes de ma tante Frédérique.
Les paysages à Sebastian, c'est pas dur : s'il fait chaud, t'as chaud, si t'es dans une grotte, t'as froid, et s'il te décrit une vigne ou une cave, t'as envie de boire un verre de rouge. Bon, personnellement, je préfère le Bourgogne au Bordeaux. Mais ça veut rien dire. Y a plein de gens qui préfèrent le Bordeaux au Bourgogne. En même temps, on s'en fout un peu, vu que l'action se situe au cœur du vignoble de Côte-Rôtie. Alors tu peux me dire un peu à quoi ça sert de digresser comme ça, hein ?
J'en arrive maintenant à l'écriture : fluide, sans effets superfétatoires (j'aime bien écrire "superfétatoire", ça fait mec qui a du vocabulaire), bref, lisible et efficace, comme j'aime.
En revanche, y a un point négatif, et là je suis désolé d'être sérieux. Je suis d'autant plus désolé que ça ne concerne pas seulement Sebastian mais aussi Krakoen : il y a encore beaucoup trop de fautes et d'erreurs de typographie. Entendons-nous : des fautes, on en fait tous, on n'est pas des robots. A part la Pléiade, je connais pas un éditeur qui laisse pas passer des coquilles. Paul, la fois dernière, s'est amusé à relever celles que Ravet-Anceau et moi avions laissé passer dans mon dernier roman (dont je rappelle qu'il est très bon, Séb, Rik et Scapetta ont adoré ). Mais là, franchement, c'est un peu trop, et ça nuit à l'ensemble, qui, je le rappelle, est de très bonne facture.
En résumé, une bonne histoire, qui vous capte bien, des personnages attachants et des paysages très bien décrits. Y a plus qu'à faire attention à l'habillage pour le prochain. Mais ça, c'est l'affaire de tous.